Comment imaginer univers plus contraires que Body & Soul et Unighted ? C’est dans les extrêmes que le monde électronique connaît ses aspects les plus singuliers et c’est par là même qu’aucune homogénéité ne peut exister.
Body & Soul, un concept de soirée que François K, Danny Krivit et Joe Clausell ont ressuscité sur demande d’Arty Farty à la dernière édition du festival les Nuits Sonores, et qui a été pour les amateurs de soulfull un excellent moment. Toute la mystique House était offerte dans le cadre magnifique et futuriste de la piscine du Rhône : du reggae, du disco, du r’n’b, du hip hop, de la deep house, de la house, de la minimale, du rock, etc. mixés et projetés dans les oreilles d’une assistance ultra réceptive. La photo ci dessous montre bien l’ambiance, on y voit le DJ Frank Roger (deuxième personne à partir de la gauche et qui est une de nos valeurs sûres en matière de soulfull en France) s’esbaudir sur le mini piano de Jean Marc…
Donc, voilà, la Piscine du Rhônes est devenu le temps d’une après midi un espace expiatoire de la noirceur du monde grâce à 3 DJs inspirés. Il fallait voir Joe Clausell en trance avec son keffieh sur la tête, il tournait afro beat sur ses sélections de deep house, virevoltant assez garage, avant que Danny parte disco et funk pour que François mette une claque avec un track définitif comme Jaguar ou Ame.
Il en était tout autre au Stade de France avec Unighted by Cathy Guetta, qui a ouvert la soirée à 22h samedi 5 juillet 2008 en débarquant en hélicoptère dans l’arène surchauffée. Comment comparer l’incomparable ? David Guetta explique la démarche artistique dans le numéro d’avril de DJ Mag qui consiste à mélanger des genres différents en un même line up, de la house à la techno en passant par la trance, et promouvoir cette dernière en France. Transformer le Stade de France en discothèque est un véritable exploit, la qualité du son n’était peut être pas au rendez vous pour les clubbers du parterre (le son était pas mal du tout à la tribune officielle !) mais le spectacle vidéo et la fréquentation étaient largement au rendez vous. C’était surtout la première fois qu’un stade était utilisé pour une telle manifestation et en tout cas une des plus grandes capacités jamais atteintes en France pour un évènement électro payant. Le public était constitué de jeunes venus en groupe de toute la France, on était très loin d’un public strictement clubbing ou tecktonic et plus proche de la liesse populaire.
Le pari a été tenu et ce succès est bénéfique pour la scène électronique, même si cela va encore plus distinguer les grosses machines des projets plus qualitatifs et intimistes, mais sans les grosses machines, comment peut on avoir des projets plus pointus ? C’est bien avec l’avènement des free parties et teknivals que la France a été écartée du marché du clubbing et des festivals pendant des années. La fête libre a son rôle, un rôle plus social et idéologique qu’artistique, même si aujourd’hui des artistes de qualité comme Popof se font une nouvelle vie (pour notre plus grand plaisir quand même !). Mais la gratuité a anéanti les espoirs de projets ambitieux avec des artistes internationaux. Unighted remet la pendule à l’heure, merci Cathy !
Je ne suis pas resté toute la nuit, donc je ne peux vous résumer les moments forts des mixes des DJs. Chapeau à Martin Solveig qui a brillamment terminé son mix en chantant lui même un de ces titres. Il faudrait vraiment qu’il développe son live, cela transformerait un peu sa carrière. Je suis tombé sur la video du début de set de Joachim Garraud, qui sait comment parler à la foule.
Prochain rendez vous samedi 4 juillet 2009.