Les fumigènes des teknivals dissipés dans la vapeur du petit matin, la free party n’a pas cessé de se ranger dans les faits divers au même titre que les gens du voyage alors qu’une scène électronique se développe d’une manière conséquente sur les décombres d’un clubbing déliquescent et de l’explosion du « live ». Les années 2010 se caractérisent par l’abandon total de toute utopie et de sentiment d’appartenance à une esthétique et style de vie originaux, ce qui fragilise d’autant plus les entreprises face à la stigmatisation dont la nuit et la musique peuvent être parfois victimes. De Lyon à Caen en passant par Montpellier, Toulouse, Nantes et Paris, nombreux sont les créateurs d’activité, d’agences, de micro labels et de festivals. Les start ups fleurissent, mais ne pullulent pas encore. L’innovation est un leitmotiv pour notre pays si conservateur dans son fonctionnement.
Le Sarkoval post Sarkozy : une patate chaude
C’est peut-être une des plus grosses surprises, mais rassurante celle là. Le gouvernement Ayrault et Valls continuent le soutien aux frees par l’accompagnement plus ou moins réussi des « pratiques amateurs », mise à disposition de terrain pour le teknival du 1er mai. Cependant, le fiasco de l’amendement Mariani est total, l’article 53 de LSQ ne sert à rien, Technopol avait raison d’attaquer auprès du Conseil d’État le texte d’application… Au quotidien, ou plutôt chaque semaine, des fêtes techno non autorisées ont lieu sur tout le territoire sans que la plupart ne dérange personne (exemple ici). L’été 2014 a vu de nouveau blessés et morts émailler l’actualité des teufeurs, malgré une négociation interministérielle conduite par le cabinet et la Direction de la Jeunesse avec l’Intérieur et la Culture grâce au travail de fourmi de Freeform et des associations de RDR (réduction des risques) en vue de faire évoluer la doctrine opérationnelle des directions concernées par des fiches transmises aux services déconcentrés.
Une manifestation nationale dans 42 villes a même été menée samedi 31 janvier 2015 afin d’appuyer le dialogue créé in extremis par le cabinet du ministre de la Jeunesse, démontrant que les gouvernements du quinquennat de François Hollande ont parfois des idées de gauche, mais ce dans la lignée de la politique inaugurée par Sarkozy. On a senti une certaine gêne Place Beauveau et à Matignon à gérer le teknival du 1er Mai, à créer un dialogue avec les élus locaux viable et à assumer ce « trouble à l’ordre public »…
L’époque est différente. Désormais, les teufeurs sont autant coincés que les gens du voyage ou les migrants par le refus des élus locaux d’appliquer une législation impopulaire et ressentie comme injuste par les populations locales.
La philosophie « Vivons heureux, vivons cachés » revient avec force dans la free, qui peut se targuer d’être une pratique « amateur » très importante. Le terme « amateur » n’a pas de sens ici. Ce serait plutôt une scène alternative. L’association Freeform réunit des personnes de bonne volonté issues de plusieurs régions en vue de faire évoluer la doctrine de l’administration sur la question.
Explosion de l’électro business
Les années 2005 / 2015 voient un deuxième boom du business de la fête électronique en France par la conjonction de plusieurs phénomènes : la maturation d’une classe d’âge mieux formées aux carrières artistiques, le besoin de renouvellement des professionnels et une embellie des musiques électroniques, des festivals, de l’EDM et une certaine mondialisation de l’offre qu’une mobilité à bas prix facilité. Les fameux city breakers sont une aubaine pour le Berghain, Concrete et autres fers de lance du clubbing 2.0.
La politique de concertation sur la nuit est engagée par plusieurs villes, comme Toulouse et Paris, qui dédie même une page pour les professionnels sur son site.