En 2006, Technopol avait eu la bonne idée de célébrer les 20 ans de la House.
On prenait comme référence la sortie de « Love can’t turn around’ du cultissime Farley Jackmaster Funk, dont le talent n’aura pas dépassé un single.
Le texte figura dans le journal de la Techno Parade 2006.
Au commencement fut la Motown de Detroit. mythique label soul, expression politique et artistique du Black Power. Cette prolifique production des années 70 (Temptations, Supremes, etc.) avait du mal à se faire connaître en France alors en plein triomphe du Rock US et du post yé-yé. A l’occasion d’une expatriation en Afrique au début des années 70, j’eus le privilège d’une rencontre clé. Une de ces rencontres qui décide un peu de votre vie future, une incroyable plongée émotionnelle et sensuelle dans les sons, les couleurs et les mythes de la soul music dans laquelle baignaient alors mes étudiants, et qui ne fit qu’une bouchée de mes niaiseries de jeunesse. Si, auparavant Bach, les églises et la radio déjà (tard sur Radio France…) avaient ouvert la voie à un amour toujours intense des musiques, peu « actuelles » et plus « éternelles », votre obligé était, il faut le dire, encore un peu innocent côté zique. La Motown s’est chargée de le dépuceler sans façon et depuis ça n’a pas arrêté… Mon arrivée définitive à Paris m’a permis de vivre les derniers feux du Palace et les premiers sets de Laurent Garnier. Nouveau déclic, nouvelle décharge émotionnelle. Danse, transe, dance… Le compte fut bon, le corps avait pris définitivement le dessus et hop, tous en rave ! Pas encore de DJs à chaque coin de rue mais c’était bien le début d’une autre histoire. La France avait également tourné la page avec Mitterrand. Et déjà pointait l’heure du monde électro. Je suis alors littéralement tombé dedans. Comme d’autres sirotent leur potion magique, j’ai tété de la House et dansé, dansé, dansé jusqu’à l’aube au Manhattan, à la Luna, au Boy, au Queen à ses débuts, à l’An Fer de Dijon et sur bien d’autres interlopes dance floors. Il fallut trouver du grain à moudre sur une (radio) FG devenue entre-temps muette. Alors ouvrons, ouvrons grand la cage aux oiseaux ! Une nouvelle saga a débuté en 1992, il y quinze ans déjà au temps des Mozinor, de l’Hôpital Ephémère, l’Abbaye du Montcel, des Love Parade, des Boréalis, bref, que du bonheur ! En 1998, il y eut la place de la Nation pour la première Techno Parade, puis en 2006, la Bastille pour la Marche des Fiertés. Entre temps, on a créé la French Touch de toutes pièces… Mais, voyons, vous ne vous arrêterez donc jamais ? Et pourquoi donc, je vous le demande ? Love is in the house, music is our nation. Let’s dance !
Let’s dance, luv & happiness.
Henri Maurel