Daniel Caux nous a quittés samedi 12 juillet avec un « sourire en coin », nous disent ses proches. Il était adhérent de l’association Technopol depuis la création de la Techno Parade en 1998 et a mené toute sa vie un intense travail de défrichage des musiques les plus avant-gardistes et insoupçonnées, des « musiques du monde » et du mouvement minimaliste américain.
Sa page Wikipedia est un monument, qu’on ne peut résumer sans rapporter toute l’humanité qui l’habitait à chaque instant. Il était philosophe et ne restait pas dans sa tour d’ivoire. Il allait au-devant des autres et passait du temps à discuter avec chacun de nous, comme si c’était la première ou la dernière.
Sans des êtres comme Daniel Caux, la culture resterait une vue de l’esprit et jamais les musiques électroniques n’auraient gagné aussi vite dans notre beau pays, si conservateur sous ses fausses allures révolutionnaires, une quelconque respectabilité.
Dès les années 60, après une première carrière de peintre à l’époque d’Yves Klein, Daniel Caux se lance dans une carrière journalistique (Combat, Le Monde, Nouvel Obs, Art Press…) avant de programmer des concerts évènements dans des lieux artistiques. En plus de 30 ans de programmation, Daniel Caux a permis aux frenchies de découvrir Sun Ra, La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich, Philipp Glass, Moondog dans les années 60 et 70, avant d’explorer les musiques du Maghreb. En 2000, il programma une installation sonore de Richie Hawtin dans le cadre de l’exposition évènement La Beauté en Avignon. Il fut directeur musical jusqu’en 2002 de France Culture.
Sa dernière exposition a été consacrée à La Nouvelle-Orléans lors des Journées du Patrimoine de septembre 2006, il réussit à montrer une immense maquette de La Nouvelle-Orléans de l’époque héroïque reconstituée au 1/87 par deux « fous » passionnés par la musique des origines, qui, abandonnée dans un hangar, avait failli passer à l’as.
Il avait offert une prose magnifique pour le Techno Parade Magazine et avait participé à cette parade, comme à la dernière. Depuis le char de tête, Daniel était content de voir les hordes de gamins danser, sans le savoir, sur une musique minimaliste, futuriste et synthétisant à ses yeux, comme aux nôtres, toute une humanité qui n’a pas peur de l’avenir.
Mes pensées vont particulièrement à sa femme, Jacqueline, qui a récemment réalisé un excellent documentaire, « The Cycles of the Mental Machine », sur Detroit et son lien avec les musiques noires, soul et techno.