Le projet de la Gaïté Lyrique est, à la base, un joli projet : créer un lieu culturel consacré aux arts numériques et musiques actuelles. La décision a été prise dès l’arrivée de la mandature actuelle en 2001.
En 2006, on apprend que non seulement l’ouverture est repoussée à fin 2008 mais qu’il y a des surcoûts liés aux travaux. La Région complète le financement. Y aurait il une sorte de malédiction sur cet endroit ? Je commence à y croire…
Autre question : qui va exploiter ce bel équipement municipal & régional (la Région Ile de France finance aussi, cf. article ci dessous) ? Et quel va en être le programme ?
En automne 2004, j’ai participé à l’appel d’offre pour la délégation de service public de la Gaïté Lyrique avec mes amis de Magic Garden.
Le marché consiste à proposer une exploitation la moins coûteuse à la tutelle (la Ville, donc les contribuables parisiens et franciliens) en respectant un cahier des charges. Celui-ci est fort simple : proposer au moindre coût un programme innovant de spectacles musique et numérique, animer une médiathèque, assurer des formations, faire des créations assurant le rayonnement international de Paris, etc.
Il est vite apparu que, compte tenu de la jauge des salles, des contraintes techniques du lieu, etc., cet objectif était une gageure : assurer le programme demandé revient à demander au minimum 5 ou 7 millions d’euro par an à la tutelle…
Peut-être est ce une cause supplémentaire à l’absence d’exploitant désigné par le Maire de Paris ? Les candidatures ont été closes en 2004, les dossiers remis depuis cette date. Que se passe t il donc ? Silence.
Cette opération permet de comprendre que non seulement la ville de Paris n’est pas comme une autre ville de France mais qu’elle n’en prend pas le chemin. Paris ne dispose d’aucune scène de musique actuelle, dite SMAC.
Une SMAC est une espèce de label garantissant qualité de programmation, politique tarifaire, formations, aide à la création et production, etc. Désormais les villes franciliennes ont rattrapé le retard sur Paname. De nombreuses SMAC, structurées en réseau de diffusion (Perce Oreille, Le Cry, etc.), eux mêmes réunis dans le RIF / Réseau Ile de France, existent et versent plus de droits d’auteur que tous les lieux parisiens, à l’exclusion du POBP, Zenith et Olympia, à la Sacem. Source : Raphaël Amoroso, directeur régional Ile de France & Nord de la Sacem.
De toute façon, je tire un constant négatif sur la démarche de la mandature Delanoë de placer Paris sur les pas de la politique culturelle des belles capitales régionales françaises. Paris est une blonde, une fille un peu rétive qui n’en fait qu’à sa tête, quitte à jeter l’argent (public) par les fenêtres (cf. polémique sur le coût du parcours d’art contemporain de la ligne T3).
Mais néanmoins, la part de la Culture dans le budget de la Ville de Paris est passé de 4% à 6%. Ce qui est loin de la moyenne de 12% des villes françaises et très loin des 24% de la ville de Lyon. Ne jetons pas la pierre à Bertrand Delanoë : je doute encore plus de la candidate UMP Françoise de Panafieu sur la question de mise à niveau de la politique culturelle parisienne.
Peut-être que des voies plus modestes, moins coûteuses et moins pharaoniques peuvent être choisies ?
La Gaïté Lyrique est une chose. Que dire du 104 rue d’Aubervilliers et du projet d’auditorium demandé par « l’immense » Pierre Boulez ? Faut il claquer 250 millions d’euros pour faire plaisir à un compositeur, certes internationalement célèbre ? La situation économique & sociale du pays requiert autre chose qu’une salle de plus pour occuper certaines classes sociales. Et au moment même où la Salle Pleyel réouvre avec succès et que Paris risque de disposer d’une trop grande jauge de salles pour un public qui ne va pas se démultiplier à la taille des égos des décideurs.
Pendant ce temps, l’art numérique court toujours le cyberespace, les groupes parisiens n’ont toujours pas de lieu pour eux. Mais on s’en fout, ils peuvent toujours aller au Paris Paris. Merci patron !
Vu sur le site de iledefrance.fr :
La Gaîté lyrique à l’air du numérique |
Le célèbre théâtre parisien, qui a connu son heure de gloire sous la direction d’Offenbach entre 1873 et 1876, va revivre sous la forme d’un centre culturel dédié aux musiques actuelles et aux arts interactifs. |