C’est étrange un départ volontaire, cela laisse toujours les autres dans l’embarras. Moi aussi, comme rapporté en fin de biographie sur Guillaume Dustan aka William Baranes par Raffaël Enault, j’ai fait partie de ses amis à l’avoir croisé à l’automne 2004. Je tombe d’abord par hasard au Rex Club, je revenais de Shanghai un peu fatigué. On s’est revus pour une fondue savoyarde à Saint Michel (un quartier où je ne vais jamais, mais avec Guillaume ce n’était pas pareil et cela donnait un aspect estudiantin). On avait échafaudé des plans pour son retour en grâce dans l’opinion, un argumentaire sur les différents sujets sur lesquels il avait été attaqué. Je faisais son spin doctor, sans doute un reste des 17 ans à collaborer avec Henri Maurel. Je sentais que les mots l’effleuraient. À postériori, et à la lecture de la biographie / journal de Rafael Enault, il semble qu’il était déjà ailleurs.
La nouvelle de sa mort fut triste, très triste, un peu comme le départ de Sextoy.
Il était loin le temps des week ends à l’époque de CQFG (et non E.M@LE) hiver 1998 / 1999 où nous nous réfugions dans le grand comble de la maison de sa mère, Lisa. On chargeait le Godin, on s’évaporait en volutes diverses et se projetait dans un imaginaire. À ce moment, je travaillais 7/7 bouclant dimanche dans la nuit pour chroniquer en direct à l’antenne à 7h45 lundi matin. La radio, ça ne te lâche pas, la presse ça t’empêche de dormir. Nous avons du faire quelques week ends entre rédacteurs, amis et utopistes notoires avant que sa collaboration n’explose, d’abord parce que ses coups de tête étaient notoires, comme danser au milieu des ordinateurs alors que Gilles Beaujard et Ionna bouclaient la maquette… Le plus gros problème était financier et pas de son fait. La presse gratuite LGBTI repose sur une myriade de petits annonceurs locaux très exigeants et très mauvais payeurs. FG a arrêté les frais au bout de six mois. Henri a du rabattre ses prétentions quant à l’opinion gay et Antoine (Baduel) faire au mieux pour gérer une situation tendue financièrement.
Il faut relire sa prose, ses éclairs de génie. On peut être écrivain et polémiste, Hugo, Sand, Mauriac ont montré la voie.
Pourquoi cette couv’ sur Tinky Winky des Teletubbies ? L’équipe de la matinale de Radio FG d’alors, le trio Schmitto (Olivier Schmitt), Xavier Faltot et Thomas Plessis ont fait brillé l’antenne, ils ont flashé sur ce personnage détonnant violet avec un sac à main (on était alors en pleine phase « hand bag »). On se disait toute la journée « lala » en s’évaporant dans les couloirs de la station…
Article à l’occasion de Dustant Superstar de Raffaël Enault (Robert Laffont)
Que dire du livre ? C’est le premier ouvrage sur Guillaume / William, soyons honnêtes, ne vilipendons pas le travail d’un jeune auteur, qui a réussi son projet. C’est très bien que cela ne soit pas un ouvrage hermétique au jargon insondable, mais un outil de vulgarisation de la pensée de notre ami. Guillaume était lui même un vulgarisateur (d’où le Rayon chez Balland).
Pour se faire une idée de E.m@le Magazine / CQFG