En France, terre du Code Civil, inventé par vieux Cambacérès, pote de Talleyrand, qui ignorait tout des déviances de l’homme pour mieux ignorer la femme, il y a un article de loi pour tout, du glanage à la production de spectacle vivant. Une licence, mais pour quoi faire ?
La licence d’entrepreneur de spectacle est obligatoire en France, et nulle part ailleurs au monde, pour des raisons historiques.
Celles ci sont nombreuses. D’abord il y avait la censure. Le pouvoir a progressivement libéré la presse et le théâtre, foyer de révoltes populaires ourdies par les esprits éclairés. Louis Philippe prit des mesures libérales, puis Napoléon III dans la deuxième partie de son Empire Français modifiait un décret impérial de 1864 sur la fin de la censure pour le théâtre. D’un coup, la IIIème s’émancipa, le spectacle bourgeois put se rouler sur les planches.
Puis, le 2e fait marquant fut l’État Français avec un décret de 1941 sur le spectacle. Ce n’est pas la meilleure période de notre histoire.
3e date marquante : la Libération en 1945 avec l’ordonnance n° 45-2339 du 13 octobre 1945 relative aux spectacles.
4e date : les accords de Grenelle de 1969 qui obligent au salariat des artistes et des techniciens par les employeurs, les détenteurs de la licence. Énième concession gaulliste aux communistes (à moi le pouvoir, à eux les usines), cette présomption de salariat inscrite dans le Code du Travail annihile toute pratique amateur dans le spectacle. Il n’y a que les chorales cultuelles et d’entreprise et les « réunions à caractère musical » organisées par des particuliers inscrite par l’art. 53 de LSQ, qui créent quelques exceptions.
Autre preuve flagrante de cet axiome absolu : la réglementation sur la pratique amateur n’a pas bougé depuis 1953 !
Aujourd’hui, l’omerta sur la question continue, des couloirs de la rue de Valois aux allées des teknivals. Tout le monde est conscient que c’est mieux ainsi sans savoir que la machine bruxelloise broiera cette antiquité gaulliste.
Suite au prochain épisode.